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« Je pense que la recherche permettra de faire la lumière sur les maladies psychiques. »

« Je suis bipolaire Stade 2 depuis toujours, cela est probablement héréditaire puisque ma grand-mère était maniaco-dépressive. J’ai toujours été inhibée, avec un manque de confiance en moi, rabaissée et infériorisée par mon entourage proche. J’étais complètement perdue lorsque quelqu’un me criait dessus et j’avais beaucoup de problèmes de compréhension au niveau scolaire. Aujourd’hui encore, je suis déboussolée lorsque l’on me crie dessus, mais j’arrive à contrôler la situation. L’humiliation et l’incompréhension de mon entourage auxquelles j’ai dû faire face tout au long de ma vie n’ont fait qu’accentuer ma maladie. Il m’est devenu impossible d’exercer mon activité professionnelle car, malgré ma détermination, je manquais de confiance en moi. Aujourd’hui, je suis en invalidité professionnelle. La famille de mon époux m’a toujours rabaissée. Notre relation amoureuse en est fortement affectée. Mes deux chiens sont aujourd’hui mon unique famille.

Une maladie incomprise

La bipolarité a du mal à être reconnue, par la société, comme une affection psychiatrique grave et invalidante. À la place, elle est considérée comme une maladie imaginaire, de confort, de feignant… On me dit que je suis lunatique, pas malade. On me considère comme une « folle », comme une personne diminuée. Et comme je suis suivie par une psychiatre, on ne me considère plus comme une personne « normale », on ne me fait plus confiance. La bipolarité est malheureusement une maladie trop méconnue et par conséquent, très vite jugée. Je me sens constamment ignorée, exclue. Je représente ma maladie par le noir et le blanc, en raison de son ambivalence et de l’absence de juste milieu, avec des phases hautes et basses. Je m’imagine sur un fil, où telle une funambule j’essaie de maintenir mon équilibre.

Un suivi essentiel

Après 15 ans d’errance, je suis enfin suivie, de manière efficace, par une psychiatre avec qui le contact est tout de suite bien passé. Grâce à elle, j’arrive à me maintenir en équilibre sur le fil, à ressentir les différentes phases. Notre travail a permis d’alléger mon traitement. Il faut savoir que lorsqu’on est bipolaire, les traitements sont lourds et créent une forme de dépendance. Ainsi, j’ai connu l’état de manque et alterné les phases d’anorexies/boulimies. Les séances avec ma psychiatre m’ont également permis de ne plus me placer en situation de supériorité ou d’infériorité. Je me sens seule à travers ma maladie, je suis isolée par les autres, mais je m’isole également moi-même, en prévention. Cela fait un naître en moi un sentiment de culpabilité qui n’a pas lieu d’être. Même si mon équilibre reste précaire, ma psychiatre parvient à me faire déculpabiliser et à avancer.

Démystifier grâce à la recherche

Je me suis inscrite sur ComPaRe, car je pense que la recherche permettra de faire la lumière sur les maladies psychiques. J’ai espoir que les études apportent de la légitimité aux personnes souffrant de maladies psychiques afin que nous ne soyons plus considérés comme fous ou stupides. »