RESUME DE L’ARTICLE*
Il est désormais largement reconnu que le contexte économique et social d’une personne influence le risque de développer une dépression. Cependant, ces facteurs de vie pourraient aussi affecter les chances de se rétablir de la dépression. Aujourd’hui, nous vous proposons de résumer un travail scientifique publié dans le très sérieux journal de psychiatrie JAMA en 2022. Des chercheurs de l’University College London (Royaume-Uni) se sont posés la question de savoir si les conditions socio-économiques influent sur la réussite des traitements de la dépression.
Comment cette étude a-t-elle été menée ?
Les chercheurs ont recueilli des informations sur l’efficacité de psychothérapies ou d’antidépresseurs prescrits par des médecins généralistes dans la dépression chez des patients âgés de 16 ans ou plus. En combinant les données de neuf études cliniques, les chercheurs ont pu prendre en compte les informations de plus de 4 800 patients.
Les chercheurs ont examiné si le niveau de diplôme, le fait d’être au chômage, de rencontrer des difficultés financières et de vivre dans un logement instable pouvaient affecter la réponse au traitement, indépendamment de la gravité de la dépression.
Qu’est-ce que l’étude a découvert ?
L’étude a montré que les patients défavorisés avaient une amélioration moindre sous traitement par rapport aux autres. Plus spécifiquement, l’étude a montré que:
- Les personnes qui étaient sans emploi lorsqu’elles commençaient le traitement ne se rétablissaient pas autant que les patients en situation d’emploi. Après 6-8 mois de traitement, la sévérité des symptômes de dépression des patients au chômage était de 30% plus élevé que celui des personnes ayant un emploi, toutes choses égales par ailleurs.
- De même, les personnes sans logement stable avaient des symptômes de dépression plus élevés (+18%) comparativement à ceux qui étaient propriétaires de leur maison.
Que peut-on apprendre de cette étude ?
- Les médecins devraient prendre en compte la situation socio-économique des patients afin d’estimer plus justement la réponse attendue au traitement.
- Aider les patients à conserver ou trouver un emploi et à sécuriser un lieu de vie stable (par exemple avec le soutien d’un travailleur social) permettrait de bénéficier pleinement de l’efficacité du traitement.
- Réduire les inégalités sociales et économiques pourrait permettre que le traitement de la dépression soit efficace équitablement pour tout le monde.
Les chercheurs mentionnent que leur étude n’est pas parfaite avec notamment le fait que les données utilisées soient exclusivement britanniques et que les résultats puissent être différents si celle-ci était réalisée ailleurs.