Une personne sur cinq fera l’expérience de la dépression au cours de sa vie, selon les chiffres de l’OMS. La science nous aide à mieux comprendre la dépression et à développer les interventions de santé de demain qui aideront les personnes concernées. ComPaRe Dépression vous présente régulièrement un article scientifique important pour vous tenir au courant des avancées.
RESUME DE L’ARTICLE
L’insomnie est un symptôme central dans les troubles dépressifs, Elle touche 85% des sujets en dépression et fait partie des facteurs prédictifs de récurrence.
L’insomnie peut apparaître à n’importe quel stade de la maladie (prodromes, premier épisode, phase aiguë, récidive et même rémission). Elle est associée à une évolution plus défavorable de la maladie, à une sévérité accrue des symptômes, à des rechutes ou des récidives et à un risque suicidaire plus élevé.
Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?
L’insomnie est un facteur de risque de dépression. Des études ont montré que traiter les patients déprimés avec insomnie par la thérapie cognitivo-comportementale de l’insomnie (TCC-I), qui est le traitement de référence de l’insomnie permettait non seulement de traiter l’insomnie mais également de diminuer les symptômes dépressifs. Cette étude s’intéresse cette fois à l’efficacité de la TCC-I dans la prévention de la dépression chez des sujets souffrant d’insomnie.
Comment cette étude a-t-elle été menée ?
Cette étude a été menée chez des patients qui présentent une insomnie et a comparé l’efficacité sur la prévention de la dépression de 2 mois de traitements hebdomadaire par TCC-I à de la simple éducation thérapeutique sur le sommeil. La TCC-I consiste à proposer des séances de groupe de 120 min par semaine pendant 2 mois par un psychologue formé à l’hygiène du sommeil, à la thérapie cognitive et à la thérapie comportementale (contrôle des stimulus, restriction du temps passé au lit et relaxation). L’éducation thérapeutique sur le sommeil consiste à proposer des séances de groupe de 120 min par semaine pendant 2 mois par un éducateur en santé publique formé à l’hygiène du sommeil.
Qu’est-ce que l’étude a découvert ?
Le traitement par TCC-I permet non seulement de traiter l’insomnie et de diminuer l’exposition aux hypnotiques mais également, de diminuer de moitié le risque de survenue d’une dépression. Cette étude montre également que les patients qui ont une rémission totale de leur insomnie ont un risque plus faible de survenue de dépression que ceux qui ont une rémission seulement partielle.
Enfin de manière intéressante cette étude montre que même si chez certains patients, la simple éducation thérapeutique sur le sommeil a permis comme la TCC-I, la rémission total des symptômes d’insomnie, la TCC-I est plus efficace que l’éducation thérapeutique dans la prévention de la dépression suggérant que l’efficacité de la TCC-I dans la prévention de la dépression ne passe pas que par le traitement de l’insomnie mais également probablement par d’autres mécanismes qui restent à explorer.
Que peut-on apprendre de cette étude ?
Cette étude appuie sur l’importance du dépistage et du traitement du trouble insomnie par TCC-I pour prévenir la dépression. L’insomnie est un facteur de risque modifiable important pour prévenir les troubles dépressifs. L’évaluation et la prise en charge de l’insomnie par le psychiatre doit donc être une priorité dans les soins psychiatriques.
En résumé, cette étude montre que le fait de cibler l’insomnie peut non seulement diminuer l’insomnie mais également avoir un impact favorable sur la trajectoire des troubles dépressifs en évitant la survenue de la dépression.
* Résumé et adaptation française de l’article de MR. Irwin et ses collègues: “ Prevention of Incident and Recurrent Major Depression in Older Adults With Insomnia: A Randomized Clinical Trial. JAMA Psychiatry. 2022 Jan 1;79(1):33-41. doi: 10.1001/jamapsychiatry.2021.3422. PMID: 34817561; PMCID: PMC8733847