Bien s’alimenter, mieux se soigner
Pour beaucoup, la période des fêtes de fin et début d’année rime avec repas copieux en famille — bien entendu, les situations sont toutes différentes. Quand on vit avec une dépression, l’alimentation peut s’en trouver perturbée, ce qui est susceptible d’impacter certains symptômes de la dépression. On a tendance à l’oublier, mais les aliments sont le carburant de notre corps, et donc aussi de notre cerveau : un des organes impliqués dans les troubles psychiques, dont la dépression. Notre alimentation a donc un impact sur notre corps mais aussi sur notre psyché ! C’est ce que la psycho-nutrition tente de décrypter.
Le « deuxième cerveau »
Les recherches récentes montrent qu’à côté du cerveau, un autre système serait impliqué dans la dépression : le système digestif et sa flore microbienne.
On sait aujourd’hui qu’une alimentation riche en sucres simples, en acides gras saturés et trans ainsi qu’en aliments ultra-transformés peut perturber l’équilibre chimique du cerveau et du corps. Ces aliments peuvent favoriser une inflammation chronique et avoir un impact négatif sur le microbiote intestinal. Au contraire, les aliments riches en fibres prébiotiques ainsi qu’en probiotiques sont essentiels pour maintenir une bonne flore intestinale : fruits et légumes, aliments fermentés comme le yaourt, levure de bière maltée, légumineuses, oléagineux…
Par ailleurs, certaines alternatives proposées par l’industrie agro-alimentaire, comme le remplacement des sucres simples par des édulcorants, sont aujourd’hui connues pour perturber le microbiote et la digestion. Avec comme conséquence finale une potentielle aggravation de l’état de santé. Il est courant de penser qu’une alimentation allégée en sucres par le biais d’édulcorants serait bonne pour la ligne, or la recherche montre que ce n’est pas le cas, et produit parfois un effet inverse à celui attendu en provoquant un dérèglement du microbiote.
Quand la dépression s’en mêle
La dépression, de son côté, modifie profondément le rapport à la nourriture et l’alimentation.
Pour certaines personnes, elle peut provoquer des fringales : le mal-être peut pousser à consommer des aliments gras ou sucrés, qu’on appelle en anglais du « comfort food » ou nourriture de réconfort. Ce phénomène peut entraîner une prise de poids, un sentiment de culpabilité, et amplifier la détresse psychologique. Certains traitements peuvent aussi avoir comme effet secondaire une prise de poids notamment parce qu’ils augmentent l’appétit ou modifient le métabolisme, c’est-à-dire les processus chimiques qui ont lieu dans le corps. Cela dépend des personnes et des médicaments. Discuter de ces effets avec votre médecin permet d’anticiper et de limiter une prise de poids non-désirée. Un accompagnement par un médecin nutritionniste peut aussi vous aider à contrôler la prise de poids.
D’autres personnes, au contraire, perdent l’appétit ou ne ressentent plus la faim à cause de la dépression. Le plaisir de manger disparaît, les repas deviennent une corvée et les carences s’accumulent, accentuant fatigue et manque d’énergie.
Suivre les recommandations hygiéno-diététiques n’est pas toujours simple lorsque l’on est en dépression : manque d’énergie, moyens financiers réduits, difficultés à s’organiser, manque de temps. Rappelez-vous que chaque petite avancée compte, mais ne culpabilisez pas si vous n’y parvenez pas. Un suivi avec un diététicien-nutritionniste ou médecin formé en nutrition est pertinent dans ces cas pour vous aider à rétablir une alimentation moins troublée et à vous organiser dans le contexte de votre dépression. Ce sont les seuls professionnels formés et habilités à vous accompagner sur ce plan. De nombreuses complémentaires santé prennent en charge un forfait annuel de plusieurs séances chez un nutritionniste ou un diététicien.