Alimentation, psychotropes et dépression
Dépression et tabac vont souvent de pair, et le manque de nicotine ou l’impossibilité de fumer sont des facteurs pouvant provoquer des fringales ; l’arrêt du tabac également, d’où l’intérêt d’être accompagné par un professionnel dans cette démarche. À noter aussi que le tabac modifie l’absorption de certains traitements par l’organisme : il existe des recommandations à ce sujet à destination des professionnels. Il faut donc absolument que votre psychiatre et votre médecin traitant soient au courant de votre consommation de tabac pour adapter les posologies si besoin. Si besoin, il peut consulter les guides du RESPADD, notamment celui-ci : https://www.respadd.org/wp-content/uploads/2021/11/BAT-Peau-guide-sante-mentale-reduit-.pdf
La consommation d’alcool, qui peut parfois sembler être un soutien temporaire, est en réalité « dépressogène », c’est-à-dire qu’elle aggrave à moyen et long terme les symptômes dépressifs. En cas de comorbidité entre un trouble addictif et un trouble dépressif, une prise en charge conjointe par un psychiatre et un addictologue est souvent nécessaire. En outre, même en l’absence de trouble de l’usage de l’alcool, ce dernier interagit fortement avec de nombreux traitements médicamenteux, provoquant somnolence ou conséquences plus graves. Demandez bien à votre médecin ou à votre pharmacien si les médicaments que vous prenez contre-indiquent la prise d’alcool. Cette information est aussi disponible sur la notice de vos médicaments.
Enfin, la nicotine (présente dans le tabac mais aussi dans les cigarettes électroniques et leur vapeur !) et l’alcool perturbent fortement le sommeil. Or, les troubles du sommeil sont connus pour amplifier les symptômes de dépression. Il est important de parler de ces problèmes avec votre médecin et votre psychologue, ils pourront vous accompagner pour gérer au mieux votre consommation de substances et votre sommeil.
Alimentation et psychotropes médicamenteux
La présence de nourriture dans le système digestif peut modifier l’absorption des médicaments psychotropes. Par exemple, certains antidépresseurs voient leur absorption retardée ou réduite lorsqu’ils sont pris avec des aliments riches en graisses. Certains antidépresseurs de la famille des IMAO utilisés en cas de dépression résistante nécessitent des précautions alimentaires, en limitant les aliments riche en tyramine (fermentés) pour éviter les crises hypertensives.
À l’inverse, certains antipsychotiques peuvent avoir une meilleure absorption lorsqu’ils sont ingérés avec de la nourriture. Il est donc crucial de respecter les recommandations spécifiques concernant la prise de ces médicaments par rapport aux repas. Votre professionnel de santé doit rester votre principale source d’information à ce sujet. Ces informations sont généralement présentes dans la notice des médicaments et rappelées par votre pharmacien — si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à lui demander, cette information est importante.
Aussi, des solutions de naturopathie parfois envisagées comme « remèdes naturels » peuvent être dangereuses en association avec les traitements, comme le millepertuis associé aux antidépresseurs. La consommation de pamplemousse en excès, en fruit ou en jus, aussi surprenant que cela puisse paraître, diminue l’absorption de la plupart des traitements médicamenteux utilisés contre la dépression et l’anxiété.
On croit souvent que les plantes « ne peuvent pas faire de mal » mais les molécules qui les composent sont très actives ! La plupart des médicaments, y compris des anticancéreux, ont été dérivés de principes actifs issus des plantes. Sans compter que certaines molécules, selon leur concentration, sont de vrais poisons pour nos organes. La sécurité des médicaments est garantie par une réglementation internationale très stricte en matière de recherche et de production pharmaceutique.
Encore une fois, il est important de faire part à votre professionnel de santé des effets secondaires de vos traitements pour les ajuster, ainsi que des problèmes qui peuvent se poser en termes d’alimentation. N’oubliez pas non plus de toujours consulter un médecin avant de prendre un complément alimentaire pour éviter toute interaction ou toute prise de risque pour votre santé.