Une étude de science citoyenne a évalué les préférences de 628 patients atteints de maladies chroniques quant à l’organisation des essais cliniques. Cette étude a été coordonnée par le Pr. Isabelle Boutron (Université de Paris, Centre d’Epidémiologie Clinique de l’Hôtel-Dieu, AP-HP). Les patients français étaient des participants de ComPaRe.
Cette étude montre que les patients souhaitent le développement de modèles d’essais clinique hybrides, mêlant visites sur place et interactions à distance.
Les résultats ont été publiés dans la revue Journal of Medical Internet Research, le 1er février 2022.
La participation des patients est cruciale au succès des essais contrôlés randomisés. Cependant, le recrutement et la rétention des patients dans les essais sont difficiles : moins d’un tiers des RCT financés par le National Institute for Health Research (NIHR) au Royaume-Uni réussissent à recruter le nombre de patients prévu.
La décision des patients de participer à un essai clinique et d’y rester dépend non seulement des bénéfices et des risques potentiels des interventions évaluées, mais aussi de la charge qu’elle représente pour eux (temps, énergie, déplacements…).
Aujourd’hui, les nouvelles technologies peuvent simplifier certains aspects des essais cliniques : consentement électronique, distribution des médicaments au domicile des patients, collecte des données entièrement en ligne, visites virtuelles par appels vidéo….
Dans cette étude, 628 patients issus de la cohorte ComPaRe ont évalué l’impact de différentes modalités d’organisation d’essais cliniques sur la participation des patients. En particulier, trois modalités ont été évaluées :
- la gestion du consentement en présentiel, en ligne ou mixte
- l’organisation des visites de suivi en présentiel, en téléconsultation ou mixte
- la communication des résultats de l’essai au cours d’une téléconsultation avec un investigateur, par courriel ou par courriel postal
Seuls 6 % des patients souhaitaient que le consentement et les visites de l’essai se fassent intégralement en présentiel. 28 % souhaitaient participer à l’essai uniquement à distance. 66% voulaient combiner des visites à distance et sur place.
L’organisation d’un essai respectant les préférences des participants permettaient d’augmenter le recrutement de 30%. Les patients ont également pu partager leurs idées concernant les essais cliniques en texte libre.
Un nécessaire changement du système actuel.
Cette étude a souligné la nécessité de transformer l’organisation actuelle des essais cliniques en respectant les préférences des patients.
Nos méthodes de science participative et l’implication des patients de ComPaRe a également permis de faire émerger des idées concrètes pour l’amélioration de l’organisation des essais cliniques.