ComPaRe a permis l’identification de trois trajectoires d’évolution du covid long après l’infection initiale.
Cette étude, réalisée auprès de 2197 patients souffrant de covid long suivis régulièrement dans ComPaRe, montre qu’au cours des 2 premières années de maladie, environ 5% des patients vont avoir une amélioration rapide de leurs symptômes; 5% des patients vont avoir des symptômes importants et persistants ; et les 90% patients restants vont avoir une amélioration lente de leurs symptômes. Les caractéristiques des patients et leur présentation clinique au début de leur maladie semblent associées à leurs trajectoires d’évolution au cours du temps.
Réalisée par le Dr Viet-Thi Tran, épidémiologiste et co-investigateur de ComPaRe, l’étude a fait l’objet d’une publication scientifique dans la revue International Journal of Infectious Diseases le 12/05/2023
Environ 1 personne sur 10 ayant été infectée par le SARS-CoV2 rapporte des symptômes au long cours tels qu’une fatigue persistante, un « brouillard mental », un essoufflement ou une perte d’odorat ou de goût : c’est le Covid long. Environ 90% des personnes atteintes de Covid long rapportent encore des symptômes un an après leur infection initiale.
Le Covid long n’est pas une « maladie » unique mais un syndrome complexe résultant de multiples mécanismes souvent intriqués (séquelles de la maladie aigüe ou de son traitement, mécanismes immunologiques, psychologiques, etc.) ce qui explique le tableau clinique complexe et souvent hétérogène des patients.
Si en mars 2023, nous avions montré que la vaccination contre la Covid-19 améliore les symptômes du Covid long chez les patients ayant déjà un Covid long, très peu d’études avaient exploré la diversité des présentations cliniques des patients souffrant de Covid long.
Nous avons utilisé les données de 2 197 patients participant à la cohorte ComPaRe Covid long pour identifier des groupes de patients avec des trajectoires homogènes d’évolution de la maladie.
Trois trajectoires ont été identifiées :
- Environ 4% des patients avaient une amélioration rapide de leurs symptômes au cours du temps (avec rémission complète des symptômes dans les 2 ans après leur apparition). Comparé aux autres patients, ces patients étaient plus jeunes (OR 1.04, intervalle de confiance à 95%: 1.03–1.06, par an) et n’avaient pas d’antécédents de maladie fonctionnelle (fatigue chronique, fibromyalgie, etc.). Ces patients présentaient plus fréquemment des douleurs cervicales, dorsales et lombaires et des symptômes digestifs lors de leur maladie aigüe.
- Environ 5% des patients avaient des symptômes importants et persistants au cours du temps. Ces patients étaient généralement plus âgés, fumeurs et avaient un antécédent de maladie auto-immune. Ces patients présentaient plus fréquemment des symptômes à type de tachycardie, bradycardie, palpitations, arythmies, bouffées de chaleur, sueurs et intolérance au froid et au chaud, lors de leur maladie aigüe.
- Enfin, les 91% patients restants avaient une amélioration lente de leurs symptômes au cours du temps (avec une réduction moyenne d’environ 25% du nombre de symptômes rapportés dans les 2 ans après leur apparition).
Cette étude est la première à décrire l’histoire naturelle du Covid long, en tenant compte de l’hétérogénéité des patients et de leurs présentations cliniques.
Ces résultats sont importants pour comprendre les mécanismes sous-jacents du Covid long, en faisant l’hypothèse que différents mécanismes à l’origine des symptômes vont donner lieu à des évolutions différentes de la maladie.
Ils permettront une meilleure prise en charge des patients, en permettant, d’une part, de mieux informer les patients souffrant de Covid long de leur évolution, et d’autre part de mieux estimer les besoins du système de santé pour répondre au défi du Covid long.
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