L’isolement progressif dans la dépression peut devenir un vrai cercle vicieux pour les personnes concernées. ComPaRe Dépression a demandé à Mickael Worms-Ehrminger de nous éclairer sur les différentes ressources à disposition afin de faire face au repli sur soi.
Isolement et solitude vont souvent de pair ; les deux sont fortement liés aux symptômes dépressifs. Avec une forte tendance au retrait social, la personne vivant avec une dépression s’éloigne contre son gré, et de plus en plus, d’un facteur de qualité de vie très important : le lien social.
L’isolement correspond à un éloignement physique des autres, c’est ce que l’on retrouve en particulier chez les personnes âgées. La solitude est un sentiment d’éloignement social : on peut ressentir de la solitude en étant à un repas de famille avec une dizaine de personnes.
Rompre l’isolement et rétablir le contact avec l’extérieur peut se faire progressivement, dans une dynamique positive de rétablissement. Pour certaines personnes, il est plus facile de commencer, par exemple, par des conversations sur les réseaux sociaux avec des amis ou des échanges de sms. Pour d’autres, participer à des pages communautaires de pairs vivant avec une dépression peut s’avérer bénéfique.
Contre-intuitivement, on pourrait penser que le numérique et les réseaux sociaux contribueraient à l’isolement. Or, on sait aujourd’hui que la communication entre personnes constitue 80% de l’utilisation du numérique ! C’est un canal de rétablissement à ne pas négliger, quand on ne se sent pas encore suffisamment à l’aise pour sortir dans le monde physique. Le numérique est un moyen pour diminuer le sentiment de solitude. De plus, il peut être un facteur d’amélioration de la prise en charge, notamment en cas d’éloignement géographique de votre professionnel de santé ou d’une difficulté à sortir de chez soi, en permettant une continuité des soins par prises de rendez-vous en ligne ou via la téléconsultation par exemple.
Les centres d’intérêts permettent de rétablir ou d’établir un lien. Quand vous sentez un peu d’énergie, vous pouvez prendre un carnet et noter des choses qui vous intéressaient ou que vous faisiez avec plaisir avant l’apparition de la dépression. Se rappeler de ces choses est un moyen utile pour trouver la motivation de renouer le contact autour de valeurs ou d’intérêts communs, avec votre famille et vos amis, et pourquoi pas même de rencontrer de nouvelles personnes. Si vous vivez avec un chien par exemple, vous pouvez vous mettre en lien avec un club canin proche de chez vous. En en plus de sa présence au quotidien, votre compagnon peut jouer un rôle de médiateur. Ces processus dits d’activation comportementale peuvent vous aider à retrouver progressivement des contacts sociaux plaisants par le biais de choses que vous aimiez.
Plusieurs associations proposent également des lignes d’écoute afin de pouvoir bénéficier d’une conversation bienveillante avec un répondant : Nightline pour les étudiants, Petits Frères des Pauvres pour les personnes âgées, Fil Santé Jeunes, Suicide Écoute, … N’hésitez pas à y avoir recours pour sortir de l’isolement avant de pouvoir aller plus loin.